Cahier de City of Horror : dernier jour 

30/01
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illustration J'aurai dû quitter cette ville après les premiers signes. Quand les morts ont commencé à se relever. Mais non, je les ai cru. Ils avaient la situation sous contrôle. Ils avaient trouvé l'antidote. Ils avaient LA SOLUTION. Résultat : ils y sont tous passés, sans exception. Les scientifiques, les militaires, tout le monde. “On vous protège”, qu'ils nous répétaient. Connerie.




Alors on s'est barricadé, les derniers survivants, et puis on a attendu. On a pris des tours de garde, histoire de surveiller les environs. Ça allait. C'était pas vraiment la fête, mais ça allait.
Et puis ce soir, au douxième coup de minuit, ils ont commencé à déferler sur notre camp, sans trop qu'on sache pourquoi. D'abord par petits groupes, et puis par dizaines. Quelqu'un a appelé les secours, je sais pas qui. Un hélicoptère va venir nous chercher à 04H00.
En attendant, il va falloir tenir.

Au début, les quelques survivants postés sur le chateau d'eau nous donnaient des infos. On était encore une vingtaine, on pourrait s'organiser, les combattre. On allait tous partir d'ici. J'y croyais.
Comme on savait où les zombies allaient attaquer, c'était simple pour nous de savoir où nous abriter. On n'avait que l'embarras du choix. Hormis le château d'eau, il nous restait encore l'église, l'hôpital, l'armurerie et la banque. On a suivi les conseils des sentinelles, on n'aurait pas dû.
C'est à la banque que ça a commencé à dégénérer. Les gens ont juste eu le temps d'y rentrer et de retrouver ceux qui s'y étaient déjà abrités. Mais l'endroit n'était plus sûr, ils étaient encerclés. Les sentinelles les avaient piégés. Alors ils ont fait un choix. Ils ont discuté. Il fallait en sacrifier un, le jeter en pâture aux zombies, histoire de les calmer, histoire d'augmenter leurs chances de survie. C'est ainsi qu'on a vu la porte s'ouvrir, et la doyenne jetée à l'extérieur. La pauvre n'a pas fait un pli.

Moi j'étais à l'hôpital à ce moment là, avec 2 autres personnes. On espérait y trouver des antidotes, et on s'était pas trompé. On en aurait besoin pour prouver à nos sauveurs que nous sommes encore sain. J'avais pris une petite fille paumée sous ma protection, on a récupéré 2 antidotes, qu'on s'est partagé. Avec nous il y'avait une femme plutôt bien fagotée, tailleur ajusté et petites lunettes. Certainement une femme d'affaire. Elle nous a piqué une crise parce qu'elle n'avait pas eu de remède. Je lui ai expliqué qu'on allait finir par en trouver d'autres dans l'hôpital, mais elle n'a rien voulu entendre. Forcément, ses cris ont fini par rameuter d'autres zombies, et j'ai fini par la jeter dehors. C'était elle ou nous.

J'en ai profité pour jeter un oeil à ce qui nous entourait. C'était un carnage. Au carrefour, une bande de survivants qui n'avaient pas eu le temps de se mettre à l'abris tentait tant bien que mal de se défendre, face à ce qui semblait être le chef de la meute des zombies. La château d'eau avait fini par exploser, ne laissant que des cendres. L'armurerie était la proie des flammes, les gens étaient bloqués à l'intérieur. Et devant moi, une nouvelle horde de zombies arrivait. J'ai verrouillé la porte et tenté de me mettre à l'abris. La petite avait disparu. Pourtant je l'entends rire, là, cachée. Saleté, et dire que je l'ai protégée tout ce temps. J'entends les hélicos, les secours arrivent. Trop tard. La porte vient de céder.

City of horror est un excellent jeu de négociation de Nicolas Normandon, édité chez Repos Prod.

Cédric K.